LE COURRIER DE FRANCIS ALVAREZ


Monsieur le Député, les personnalités, le gouvernement, notre avocat,
 
Je me permets aujourd'hui de m'adresser à vous, au nom des 15 000 habitants de mon village et environnants.

En effet, pour la plupart, nous avons grandi et vécu toute notre vie dans cet environnement, nous avons construits des foyers, fait grandir nos enfants, et pour nous le mot ensemble sur la terre de France, notre terre, n'étaient pas de vains mots.

Chaque année, au fil des saisons, nos avons tressé des liens communautaires, mais également développé des habitudes innocentes de bon voisinage et d'amitié avec la nature environnante. C'est ainsi que l'été approchant, chacun se préparait à la joie du retour des vacances sur la plage de Piémanson.

Cette plage, nous l'aimons, nous la préparons dès le mois de juin, à l'arrivée de nos campements, nous ratissons, nettoyons, aménageons les services utiles à chacun sur place, mais surtout, comme le renard du Petit Prince de Saint-Exupéry, nous nous habillons le coeur de la joie d'être ensemble.
 
Cette année, nous venons d'apprendre que par décret préfectoral, cette plage serait fermée au public, nous. Cette année, les villageois et leurs enfants n'auront pas accès à la plage dont leurs parents et grands parents ont joui depuis le décret des congés payés.

Alors, Monsieur le Député, que reste-t-il aux villageois, à leurs enfants, aux retraités qui venaient passer là de rafraîchissantes journées, au lieu de demeurer dans la fournaise de leur appartement HLM 5e étage? Où irons les familles d'accueil et les enfants accueillis par elles?

A Piémanson, nous accueillions avec joie ce mélange de culture, cette diversité d'êtres humains venus là simplement pour se délasser et faire le plein de bonne humeur, d'entre aide, de petites oies simples. Les autochtones accueillaient avec bienveillance les étrangers venus là pour oublier l'insécurité des villes, les finances boiteuses, la violence et la haine rencontrées toute l'année sous d'autres cieux. Les enfants issus de familles déchirées trouvaient pour un temps les joies de l'égalité. Nul ne leur rappelant leur condition. Piémanson donnait à tous l'occasion de revivre. Les commerces, petits et grands, reprenaient vie, et à la fin de l'été, chacun retournait dans son foyer avec le sentiment d'avoir rencontré la tolérance, la convivialité, la fraternité qui, il fut un temps, caractérisaient la France et les Français.

La raison alléguée pour l'interdiction d'accès à Piémanson serait la sécurité. Nous demandons des précisions. Chaque campeur arrive là avec sa réserve d'eau potable et un système d'évacuation écologique, puisqu'il est fait usage de produit naturel (la bouillie bordelaise). Les campeurs ont institué un tour de garde pour assurer la sécurité et le bien-être de tous, dans le respect de la propreté, même si le Conseil municipal « oublie » souvent de vider les bennes à déchets, comptant sans doute sur le Mistral...

Au vu de la conjoncture sécuritaire actuelle, nul n'est pressé, au parlement, de fermer les frontières permettant de ralentir l'afflux de terroristes, mais pour fermer la frontière de Piémanson, la mobilisation parlementaire a été bien rapide, faisant de nous des parias, des rejetés, des bannis, et comme nous avons pu l'entendre, des « sans-dents ». Au lieu de permettre aux vacanciers de Piémanson de se ressourcer, il serait donc préférable de les laisser croupir dans la chaleur de l'été, leurs petits revenus ne leur permettant pas de s'évader. Il serait préférable de remplir les hôpitaux de personnes âgées en situation de déshydratation, de personnes sombrant dans la dépression, d'enfants grandissants dans des quartiers délicats mais sachant qu'il n'y a rien à faire... On n'en sort pas... C'est comme ça... Autant sombrer dans le radicalisme, la haine et la violence... Autant partir en Afghanistan, ça nous fera des vacances!

Pour toutes ces raisons, Monsieur le Député, j'ai tenu à porter à votre attention la peine, la désolation, et même la colère qui rongent vous administrés depuis la décision de fermer Piémanson, et vous demander d'intervenir auprès du Préfet, afin de trouver un compromis pour réparer le tort causé par cette fermeture.

Avec mes remerciements anticipés, veuillez agréer, Monsieur le Député, l'expression de mes salutations distinguées.

Francis ALVAREZ

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