1er
document: LETTRE de SYLVIA rédigée avec l'aide précieuse de FRED
ROUSSEL: courriers envoyés aux autorités (voir en bas de la lettre), ce
document très complet peut être envoyé à d'autres destinataires, il vous
suffit de la copier/coller. Elle peut aussi être transmise à la presse
et aux médias si besoin.
Madame, Monsieur,
Nous, les 2425 signataires des
pétitions «Défendre l’accès libre à la plage de Piémanson,le dernier espace
de liberté d’Europe» et «Le droit de camper sur la plage de Piémanson»,
récemment mises en ligne sur change.org et avaaz.org, demandons la prolongation
de la tolérance du camping sauvage sur la plage de Piémanson en Camargue,
tradition en vigueur depuis des décennies qui représente un patrimoine culturel
reconnu internationalement ainsi qu’une manne économique et sociale
substantielle pour la région.
Depuis janvier, l’état a
décidé, sans concertation avec les associations de campeurs et les habitants de
la région, de fermer l’accès à la plage de Piémanson. Des travaux inadaptés au
regard de la spécificité de ce lieu naturel et des besoins du public estival
sont actuellement en cours. De grosses caillasses, comme on en voit partout sur
le littoral urbain aménagé, sont disposées en ligne des deux côtés de la seule
petite route menant aux vastes étendues de la dernière grève sauvage non
réglementée d’Europe, cela afin d’obturer tout passage. Ces rocailles, en
interdisant au public de circuler sur cet estran au paysage naturel de sable,
de mer, de dunes et de marais salants banalisent l’entrée de plage et privent
Piémanson du libre accès qui assurait son exception et sa renommée.
Une aire de parking, (qui sera
à l’année régulièrement inondée!), avec barrières, centaines de pieux de
délimitations, et dalles de bétons posées à même le sable voit le jour afin de
pallier, conséquemment au nouvel empierrement formant impasse, à un futur
problème de stationnement qui pourtant n’a jamais existé. Un rond point a
récemment été érigé, puis quelques jours après défait, signe de la faiblesse de
ce projet d’aménagement exécuté à la hâte. En réalité, ces travaux ne répondent
à aucune nécessité d’utilité publique et n’ont d’autre but que d’interdire
l’accès de la plage aux campeurs qui viennent depuis des générations
s’installer de façon temporaire de mai à septembre. La plage de Piémanson n’a
jamais souffert d’un tourisme de masse. De par son éloignement des grands axes
de circulations et centres urbains, l’absence d’infrastructures et de commerces
attenants, l’étendue suffisante de son rivage1 , mais aussi l’âpreté de son
climat chaud et venté et les inconvénients de ses empleins maritimes2 , cette
plage ne connaît l’été ni embouteillages ni surpopulation. Cela malgré les très
nombreuses émissions radio et télévisuelles, les articles de presse, les
ouvrages, les expositions photographiques qui lui ont été consacrée ces
dernières années et qui lui valent désormais une notoriété et une
reconnaissance internationale. Les visiteurs d’un jour ont toujours trouvé
aisément à se garer à l’entrée de plage, quand ceux qui campent avancent leurs
véhicules près de leurs installations en empruntant parallèlement à la mer la
piste de sable dur en arrière plage. Aucun incident ou impact néfaste sur
l’écologie n’ont pu à ce jour être constatés vis à vis de ces passages. La
situation géographique de « bout du monde » de la plage de Piémanson, les
paysages ventés et désertiques qui l’entourent, restreignent naturellement
l’afflux des vacanciers et garantissent autant une économie qu’une fluidité des
circulations. Aujourd’hui les actuels travaux compromettent gravement cet
équilibre et détruisent l’identité de Piémanson.
Interdire de façon brutale le
camping sauvage sur la plage de Piémanson, c’est aussi ruiner l’économie
touristique locale et notamment celle des commerces de Salin de Giraud, premier
bourg situé à 11 km en arrière de Piémanson. Les campeurs estimés à plus de 15
000 sur une saison estivale, outre qu’ils sont aussi des touristes visitant la
région, vont se ravitailler sur Marseille, Arles,Nîmes, Port St Louis… mais
c’est à Salin de Giraud qu’ils ont leurs habitudes de courses quotidiennes. Ce
village isolé, qui subit déjà de plein fouet la crise liée à la fermeture
progressive de son industrie salinière, se retrouvera sinistré si la population
stable des vacanciers campeurs disparaît.
Nous souhaitons aujourd’hui rappeler aux autorités concernées la valeur de la
tradition du camping sauvage sur la plage de Piémanson ainsi que l’esprit
d’entraide et de respect de l’environnement qui l’anime :
1. Le camping sauvage sur Piémanson relève de pratiques en usage depuis de très
nombreuses décennies. Il correspond à une tradition régionale transmise de
génération en génération se traduisant par une occupation temporaire de la
plage en période estivale. Des installations légères se côtoient durant l’été,
(tentes, caravanes, abris en bois flotté), où familles et amis du cru se
retrouvent aux côtés de gens venus des quatre coins de la France mais aussi
d’Europe, tous « amoureux de la plage » formant ensemble un public pour la
plupart d’habitués. Cette tradition d’installations légères sur la plage,
toutes entièrement démontées et enlevées en fin de saison, (en raison de
conditions climatiques et maritimes interdisant de facto une occupation pérenne
abusive), fait partie intégrante de l’identité de la Camargue qui se retrouve
par là perpétuée de façon créative et vivante, dans et par delà son histoire et
ses frontières. La beauté, l’inventivité de nombre de ces campements,
l’originalité de formes de socialisations spontanées à l’autogestion raisonnée,
solidaire et respectueuse de l’environnement ont été saluées et reprises dans
le monde de l’art et ont suscité de nombreux travaux dans les domaines de la
sociologie, de l’ethnologie, de l’architecture, du tourisme…
2. Aucune régularité
d’incidents ou d’accidents, aucune violence plus élevée que sur d’autres plages
fréquentées du littoral français n’ont jamais été relevées à Piémanson. Bien au
contraire, le nombre des campeurs saisonniers, (estimé par les médias, rappelons
le, à plus de 15000 par an), fait montre depuis longtemps de la capacité des
usagers à occuper temporairement les lieux de façon appropriée, dans un esprit
d’entraide et de respect mutuel. Cette cohabitation pacifique est d’autant plus
remarquable qu’elle est marquée par une mixité socioculturelle et une bonne
entente entre populations « textile » et naturiste dénotant de la réussite
pérenne de ce mode d’occupation traditionnelle, représentatif de l’identité
originale de ce dernier espace libre camarguais. Par ailleurs, les dimensions
éducative, éthique, voire thérapeutique du camping sauvage sur Piémanson ainsi
que son importante fonction de réintégration sociale pour des familles
financièrement défavorisées, ne pouvant s’offrir d’autre type de vacances, sont
autant d’atouts majeurs reconnus qui participent aux efforts de l’état dans sa
lutte contre les inégalités et la défense du bien vivre ensemble.
3. Très peu de plages en France peuvent se targuer d’être aussi propres que
Piémanson. Ce constat est un fait avéré et vérifiable chaque été par tout un
chacun. Les nombreuses photos prises par les plaisanciers en témoignent, il
suffit de les consulter. Les usagers sensibles à la gestion des déchets et
concernés par la préservation de la beauté naturelle du site, ont su prendre
leurs responsabilités avec le souci partagé de la salubrité publique et de la
préservation de l’environnement qui les accueille et abrite chaque année. C’est
eux qui au mois de mai nettoient le rivage des très nombreux déchets amenés par
le Rhône, c’est eux qui organisent des opérations «plage propre», c’est eux qui
participent à des actions de protection et de revégétalisation des dunes. A la
fin de l’été 2014, un huissier appelé sur les lieux a dressé un constat
prouvant la propreté irréprochable de la plage après le départ des campeurs.
Face aux récents aménagements provisoires réalisés à la hâte et visant l’interdiction du libre accès aux usagers de la plage de Piémanson, nous les 2425 signataires des pétitions, ouverts au dialogue, demandons la réouverture du site et la prolongation de la tolérance du camping sauvage qui depuis des années assure une importante économie touristique et un renom international à la région.
En espérant toute votre attention et votre soutien vis à vis des intérêts publiques, des traditions patrimoniales et des valeurs éthiques que nous défendons, veuillez agréer, Madame, Monsieur, nos respectueuses salutations.
Le collectif des pétitionnaires
contre la fermeture de l’accès libre à la plage de Piémanson.
1 - La plage de Piémanson, (appelée aussi «
plage d’Arles »), est actuellement le seul espace non aménagé et non réglementé
d’Europe accessible à la libre circulation du public. Elle est située à
l’extrême est du delta du Rhône, avec pour lointain horizon les sites
industriels de Port St Louis du Rhône et de Fos sur Mer. Cette plage s’étire
sur plus de 12 kms dont seulement 4,5 kms sont utilisés par les campeurs, par
rapport aux 50 kms protégés du rivage camarguais. A l’ouest de Piémanson, les
plages privatisées par les Salins du Midi qui s’étendent sur 7,5 kms ont, quant
à elles, des accès fermés par des barrières avec un système de carte payante à
l’année, réservée à ses salariés et à quelques résidents locaux privilégiés.
Dans leur prolongement, au centre du delta, les plages du golfe de Beauduc qui
s’étirent sur 25 kms ne sont pas non plus accessibles au grand public. Les 10
kms de pistes désertiques non entretenues et non balisées qui y mènent en
rendent l’accès très difficile aux véhicules de tourisme. C’est seulement à
l’extrême ouest du delta que la mer redevient accessible à partir de la plage
du bourg très touristique des Saintes Maries de La Mer. Dans un contexte
d’accès au littoral camarguais aussi fermé, le maintien de la liberté d’usage
et de circulation sur la plage de Piémanson, seul estran atteignable par la
petite route à l’est du delta, apparaît cohérent et nécessaire.
2 - Emplein: flaques et petites étendues d’eau de mer remontant par capillarité du sable, emplissant exceptionnellement de quelques centimètres les zones dépressionnaires de la plage de Piémanson par très forts vents du sud associés à une houle persistante. Phénomène passager et sans danger l’été, parfaitement connu des campeurs et locaux qui les prennent d’avance en compte et savent en maîtriser les inconvénients et avantages.
Monsieur François Hollande, Président de la République Française
Monsieur Manuel Valls, Premier Ministre
Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer
Monsieur Bernard Cazeneuve, Ministre de l’Intérieur
Madame Cecilia Wikström, Présidente de la Commission des Pétitions au Parlement Européen
Mesdames et Messieurs Michèle Rivasi, Edouard Martin, Jérôme Lavrilleux, Sylvie Goddyn, Députés Européens, Membres de la Commission des Pétitions
Monsieur Stéphane Bouillon, Préfet de la Région PACA et des Bouches du Rhône
Monsieur Christian Estrosi, Président du Conseil Régional de PACA
Monsieur Hervé Schiavetti, Maire d’Arles
Monsieur David Grzyb, Président du PNR de Camargue
Monsieur Régis Vianet, Directeur du PNR de Camargue
Monsieur Alexandre Robinet, Responsable du site de production du Groupe Salins à Salin de Giraud
Cette lettre est également destinée à être diffusée aux médias, organes de presse, et à toute personne intéressée.
Lucilda Blondel
et Didier Bel qui ont respectivement mis en ligne les deux pétitions
d’avaaz.org et de change.org contre la fermeture de Piémanson, se battant pour
la même cause et au nom de valeurs que tous les usagers de la plage partagent,
ont décidé de s’appuyer sur la force que représentait le nombre de leurs
signataires réunis,soit 2425 personnes en date du 8 mars, représentant un «
collectif de pétitionnaires contre la fermeture de l’accès libre à la plage de
Piémanson ». C’est au nom de ce collectif que le courrier a été écrit. Ayant
formellement besoin pour l’envoi aux autorités d’un nom d’expéditeur, ils se
sont entendus pour choisir Didier Bel, comme « chargé de communication » du
Collectif des Pétitionnaires contre la fermeture de l’accès libre à la plage de
Piémanson. La lettre est donc écrite au nom du collectif avec pour expéditeur
son chargé de communication.Le but de cette lettre est d’unir nos forces et de
faire entendre nos voix afin d’informer et si possible de rallier toutes les
personnes touchées par les décisions et récents aménagements visant à interdire
l’accès libre à la plage de Piémanson.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire